Un instant j'ai rêvé de la rejoindre, ou plutôt qu'elle me rejoigne. Qui étais-je pour une telle audace ? Elle est bien trop loin, bien trop inaccessible. Elle est belle en se laissant deviner, car elle ne se montre guère et ceux qui voudraient la prendre pour eux ne doivent pas commettre d'erreur. Aucune faute de goût ne saurait être acceptée, pas même pardonnée. Elle est mystérieuse et se réserve à ceux qui savent l'amadouer. Elle leur offre alors sa grâce en un moment où le temps ne choisit pas de s’arrêter mais de voler pour rejoindre un monde où tout est aboli, ou aucune chaîne ne retient personne, où les esprits comme les corps sont libres. Un monde où une certaine fête devient règle de vie. Une fête andalouse, celle où l'inconnu la rejoint, celle où elle s'offre à lui en l'enveloppant de ces parfums prégnants et subtils qu'elle a choisi. L'Andalousie est reine, elle décide.
Une coïncidence de date m'amène à rêver d'une fête andalouse en un jour qui me ramène, ne serait-ce qu'un instant à une autre fête, perdue pour laquelle j'écrivis des mots qui promettaient un amour fugace et éternel ce jour là. Je l'ai oublié.
L’Andalousie est si loin pourtant, si énigmatique. A ma manière je l'aime, idéale ou fantasmée ce qui n'a guère d'importance puisque, si elle veut, si elle choisit, elle est.
Andalousie, un instant, je vais oublier le voussoiement qui convient à une reine et te dire que ces mots, trop faibles, me sont venus par toi. Qu'importe qu'ils ne soient compris des yeux qui les découvriront, si ce n'est, peut-être, par ceux que la lumière andalouse éclaire.
Inaccessible
PS: Alfred de Musset a décrit son andalouse, je l'avais oublié:
Avez-vous vu, dans Barcelone,
Une Andalouse au sein bruni ?
Pâle comme un beau soir d'automne !
C'est ma maîtresse, ma lionne!
La marquesa d'Amaëgui !