Elle est sobre, monochrome. Juste quelques mots sur un fond rouge. La couleur n’a pas été choisie au hasard. Elle attire l’œil vers les mots que l’on veut montrer.
Portes blindées.
La peur est la maîtresse de la ville, chacun doit avoir peur, s’enfermer derrière de lourdes portes. Blindées. Et il doit barricader son cœur aussi, le cacher, l’isoler par de pesantes certitudes. Blindées. Avoir peur, peur de l’autre, peur de l’inconnu.
La peur est l’amie de tous les despotes. Potentats réels ou seulement en devenir, ils aiment la peur des autres. Celles qui fait d’eux des sauveurs. Il n’est besoin d’aucune menace réelle, le tyran n’a qu’à y faire croire.
Blindées, inviolables, les portes sont là. Que chacun se replie encore un peu plus chaque jour sur lui, qu’il ignore le monde, qu’il s’enferme, qu’il enferme son esprit, cet attribut inutile de l’homme. Penser, quelle bêtise ! Quel gaspillage !
L’homme qui pense est perdu, inutile. Il ne produit ni ne consomme.
Tandis que protégé par une porte blindée, il peut voir ce que l’on a prévu pour lui et ignorer les dangers du monde.
Qu’il est effrayant le sourire des passants inconnus.
Heureusement, une porte blindée peut nous éviter de l’apercevoir.
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