Des hortensias dans la vitrine d’un fleuriste. La boutique n’est pas encore ouverte, il est trop tôt pour elle bien que la ville soit déjà animée et que depuis longtemps les boulangers aient formé leurs pains, que depuis longtemps les cafés aient été bus au comptoir.
Des hortensias bleus, d’autres blancs déploient leurs grosses boules et leurs feuilles rondes veinées. Mais où sont donc les roses, sont-ils cachés dans l’arrière-boutique ? Ils ne finiront sans doute pas repiqués dans un jardin, ni comme les miens dans le bassin d’une pompe à main désaffectée. La ville ne connaît guère les jardins, ou alors ils sont organisés, droits et sans surprise. Jardins pour tous et pour personne où jamais on n’ira planter quoi que ce soit, et bien sûr pas ces hortensias.
Ils sont destinés à mourir après avoir orné on ne sait quel salon, on ne sait quel balcon peut-être. Ils perdront leur couleur, il ne restera qu’une tige et quelques feuilles qui se dessècheront bientôt, oubliés.
Le fleuriste est un marchand de mort.
La rate de Paris |
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