Mars est revenu, il fallait s’y attendre. Depuis un moment, les jours étaient plus longs et, trompeurs, moins froids aussi. Quelques fleurs au jardin s’étaient montrées. Les crocus affichaient fièrement leurs corolles jaunes, violettes ou blanches tandis que les tulipes se contentaient d’envoyer en éclaireur une point verte.
Mars, ce pervers, est là. Bientôt, les soirées seront longues. Bientôt quelques journées seront assez douces pour être qualifiées de printanières.
Mon cœur restera en hiver. Il n’aura pas de raison de se réjouir. Il ne fêtera pas le retour de mars qui le renvoie à un mars d’une autre année où il retrouvait sa jeunesse et tremblait pour une belle diablesse qu’il découvrait, qui le ferait rêver quelques semaines, à peine quelques semaines.
Mon cœur restera dans son sarcophage, sans espoir, sans fête capable de le ramener à la vie. Il est mort de n’avoir pas su vivre quand un autre mars a semé un espoir qu’il n’a su laisser venir.