La rue est là, immobile, j’y suis revenu.
La rue connaît le froid, elle m’y a surpris plus d’un matin, elle m’y a saisi certains soirs. La rue connaît la chaleur d’août aussi, quand les feuilles de ses arbres n’arrêtent pas assez le soleil, celui qui brûlait l’amant qui attendait encore celle qu’il aimait, tant qu’il en avait la patience, jusqu’au jour il regarda la rue qui l’enveloppait et les séparait, quand la femme et sa rue ne furent plus unis que dans un souvenir où le rêve de ce qui n’a pas été et aurait pu être, remplace peu à peu ce qui fut.
Revoir la rue, et souffrir en silence, se contenter de glisser quelques mots que personne ne lira, et surtout pas celle qui faisait de cette rue ordinaire un paradis étincelant dans une nuit d’hiver pareille à celle où cette fois pourtant, la rue est terne, la rue est morne, la rue ne rit plus.
Rejoindre encore la rue, mais plus celle par qui elle était. La rue n’est plus.
A quoi bon encore marcher dans cette rue quand elle ne mène plus à rien. Elle était une avenue brillante, elle n’est qu’une impasse mal éclairée, sale et mal famée. Je pourrais encore pousser cette grille noire et tenter de retrouver la lumière. L’amour n’y ouvre plus. Le cœur est sec. Les yeux aussi.
A quoi bon. A quoi bon.
◄ Lettre à ne pas envoyer | Une même rue | L'affiche ► |