Les écrits de Lyonnel Groulez, romans, récits, et textes divers
C’est une rue ordinaire d’une banlieue que les bourgeois fuient. A toute heure du jour et de la nuit, il y règne une animation que les banlieues chics ne connaissent pas. Ce sont des groupes de jeunes qui l’été peuplent les trottoirs où de vagues terrasses faites de quelques tables de fer et de chaises défraîchies n’invitent guère les passants de hasard. De toute manière, personne n’y vient ainsi. Les gens comme il faut, s’ils viennent à passer par là enfermés dans leur voiture verrouillée, ne s’arrêtent pas et observent de loin les jeunes à casquette ou cagoule.
Ce serait une rue ordinaire pourtant : elle est bordée d’arbres qui offrent une ombre bienvenue quand le soleil de juillet allonge le temps. Elle fut peuplée sans doute autrefois par les ouvriers qui gagnaient leur vie dans les ateliers maintenant désaffectés qui la bordent. Il reste quelques commerces qui ne tentent même pas une enseigne aguicheuse et survivent malgré le voisinage d’un centre commercial.
Ce serait une rue ordinaire si je n’y avait trouvé, dans cette boite rouillée à défaut d’écrin soyeux, un diamant.
Je l’ai perdu.
La rue est là, immobile, je n’y reviendrai plus.