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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 09:52

Lui, cela fait plusieurs fois que je le croise. C’est un homme « d’un certain âge » comme on disait autrefois dans les milieux bien pensants. Un vieux con usé si on regarde le monde d’un point de vue de DRH moderne et décomplexé. Au premier abord, on pourrait le confondre avec n’importe quel autre mort errant qui vient le matin, ou le soir, quêter dans les voitures des transports en commun parisien. A quelques détails près, son discours n’est pas très différent de celui des autres. Seulement, on pourrait aussi le confondre avec les voyageurs ordinaires qui se rendent au travail. Et d’ailleurs, il ne demande que ça, ce mort errant là, redevenir l’un de ces fantômes anodins qui tous les matins empruntent ces trains surchargés pour se rendre à un travail qui le plus souvent les ennuie.

 

Mais voilà, lui, il ne dit pas « je m’appelle Machin, j’ai une petite fille ou un petit garçon, rester propre, donner à manger… ». Non, il raconte simplement ce qui lui arrive. On comprend qu’il a été semblable à tous les jeunes cons du métro, sûrs d’eux, sûrs que la vie les accueille en héros et ne leur réserve pas de coup tordu. Il a été comme eux, sans doute lui aussi un jeune homme brillant. Il parle de mathématique, emploie des mots que sans doute personne, ou presque, ne comprend. Il dit qu’il a perdu son travail, qu’à 56 ans il est juste un vieux rebus dont on ne veut plus mais qu’il ne perd pas espoir.

 

Aujourd’hui, il annonce qu’il a retrouvé du travail. Un peu de travail. Quatre heures par semaine et autant de transport. Alors il continue de faire la manche, parce qu’on suppose qu’il n’a pas encore reçue sa paie. Parce que de toute manière, quelques heures glanées ainsi, ça ne suffit pas pour vivre, quoi qu’on en dise dans les milieux bien pensants.

 

Je lui ai filé un euro. Et quelques mots. Au fond, ce sont peut-être les paroles échangées qui sont les plus importantes. Qu’avais-je à lui dire, moi qui allais tranquillement rejoindre mon travail, moi qui appartient à l’apparent camp des vainqueurs ? Pas grand-chose, juste que je sais, et que tous les jeunes cons qui nous entourent devraient savoir que dans ce monde de l’apparence où faire et savoir faire ne compte guère, tomber arrive.

 

Ce ne sont que quelques mots, évidemment…

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 10:30


 

Quand j’étais élève, la rentrée des classes, c’était vers le 15 septembre. Nous avions ces deux semaines avant la reprise des cours, elles étaient à nous. Nous nous étions quittés fin juin, certains étaient partis en juillet, d’autres en août, et certains pas du tout mais quand septembre arrivait, tout cela était oublié et nous avions ces quelques jours, ceux où le soleil d’été se montre encore pour nous retrouver.

 

Nous savions qu’une fois les cours repris, l’automne, puis l’hiver arriveraient vite et nous profitions des derniers beaux jours. A vrai dire, dans mes souvenirs, je confonds les années. Septembre, c’était la foire de la ville, foire commerciale où nous traînions sans but. Le plus dur était de rentrer sans payer, nous y arrivions à force d’astuces diverses entre invitations collectées par ci par là ou quelquefois fort douteuses. J’ai oublié les jours de pluie, je ne garde en mémoire que ceux où la chaleur rendait plus forte l’odeur de la bière et des frites. Tout se mélange. Les années du lycée quand il était bien plus intéressant de s’installer au fond du grand café de la place d’armes que de déambuler dans des rues que, déjà, nous regardions de haut.

 

Elles n’était pas très passionnantes, ces rues, pour nos seize ans. Bien sûr, aujourd’hui, la nostalgie me fait voir une animation qui sans doute n’existait guère. Je revois quelques vitrines, car à l’époque, on les regardait encore les vitrines des petits commerces des rues d’une ville comme on dit moyenne, on ne rêvait pas devant les rayons des hypermarchés ou des centres commerciaux géants.

 

Et puis, pour voir les copains, il fallait aller là où on savait qu’ils seraient, là où ils savaient qu’ils nous retrouveraient à coup sûr. Ni internet, ni téléphones portables… Nous sortions pour nous voir, sans jamais savoir exactement qui serait là. Ni d’ailleurs où on se trouverait. « Le Globe », « L’Univers », le « Carnot », je pourrais en énumérer toute une liste mais à quoi bon, ils ont disparu, du moins tels que je les ai connus. D’autres générations nous ont succédé et ces jeunes là ont eu eux aussi leurs lieux comme celles qui  nous ont précédés avaient eu les leurs.

 

Septembre, mais là je pense aux années lycées, c’était le moment de redécouvrir le goût de la « Pale », la Pelforth Pale… Nous laissions la brune aux jours d’hiver. Tout se mélange et c’est le jour de la bourse aux livres qui me revient maintenant. A cette époque, il fallait acheter les livres, et si pour certains cela se faisait à la librairie, pour la plupart des élèves, les livres étaient d’occasion. Bizarrement, nous étions les vendeurs et les acheteurs de cette braderie qui se tenait sous les arcades du lycée, dans cette partie qui est devenue le collège et qui ensuite a disparu à l’occasion de la construction d’un nouveau bâtiment. La bourse aux livres, une semaine avant la rentrée, c’était la dernière occasion de retrouvailles pour ceux qui n’habitaient pas la ville. Il faut dire qu’à cette époque, le lycée, dès la sixième accueillait les meilleurs élèves de l’arrondissement et pas seulement ceux du quartier. Certains parcouraient, dès dix ans, quinze ou vingt kilomètres en bus. Moi, c’était à vélo que je me rendais au lycée. Sans doute mon souvenir d’enfant exagère-t-il l’immensité du garage à vélo où les mécaniques rutilantes, demi course et mobylettes étaient garées. Extenseurs et pinces à vélo… C’était bien avant le goût de la Pale…

 

Aujourd’hui, c’est la rentrée des classes. Et c’est une de mes dernières comme « parent d’élève ». J’ai toujours détesté cette expression « parent d’élève » mais enfin, il faut bien désigner cela. Déjà, les matins où je passais à l’école primaire avant de partir travailler sont loin. Les enfants sont grands, comme on dit et il y a bien longtemps que je n’ai plus à accompagner personne, sauf quelques jours exceptionnels, jours d’examens. Mais là, c’est juste la rentrée. Quelle drôle d’idée de ne pas laisser le mois de septembre avancer un peu en vacances.

 

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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 09:52

C’est un homme qui fait la manche dans le métro, un de plus. Pourquoi m’a-t-il touché celui-là ? Pourquoi m’a-t-il fait chercher les quelques pièces qui restaient dans mon porte-monnaie ? Qu’avait-il de plus, ou de moins, que tous les autres qui récitent leur antienne sans plus même, sans doute, savoir ce qu’ils disent.

 

Celui-là racontait sa vie, comme les autres. Mais il parlait de son métier, de son âge, de ses cinquante-sept ans faisant de lui un rebus de la société. Cet homme là, fut certainement un jeune homme brillant à qui l’on promettait le monde. Il a sans doute vécu, fait carrière peut-être, jusqu’à ce qu’on le jette, usé, à l’occasion d’un nouveau plan social pour le remplacer par un plus jeune, moins cher, plus crédule, plus à la mode, plus obéissant aussi. Il ressemble à ces morts errants de mon « Crime passionnel » dont je n’ai jamais su écrire le dénouement.

 

Tiens, un autre a surgi pendant que j’écris. Je reconnais sa voix, je reconnais ses mots. Je ne lui donnerai pas. Il réclame le respect, l’exige plutôt, il est presque menaçant. Il est beaucoup plus jeune que l’autre, il n’a pas le même passé. Sans doute me touche-t-il moins, ou pas du tout. Son histoire ne me rejoint pas.

 

C’est l’autre, le premier, qui m’a remué. Son histoire, je la devine. Elle pourrait être la mienne, elle pourrait aussi être celle de tous ces gens autour de moi qui ne l’ont pas regardé, tellement ils sont persuadés que rien ne peut leur arriver, à eux, eux de l’élite, de la banlieue ouest bien comme il faut. S’ils savaient.

 

En écoutant son discours, on comprend qu’il a fait des études, qu’il a eu un métier et en a vécu, probablement bien. Aujourd’hui, il lui reste quelques petits boulots, des cours de math comme au temps lointain où il était étudiant.

 

C’est un mort errant, un de ceux pour qui la société n’a pas de place, plus de place. Peut-être un ingénieur indien fait-il, pour presque rien, ce que lui faisait hier. Un ingénieur indien, si compétent et si bon marché, que l’on jettera à son tour le moment venu, quand il sera lui aussi devenu la variable d’ajustement qui permettra de gonfler le dividende. Pour l’instant, il n’en sait rien. Comme le mort errant ne savait pas, autrefois.

 

Je lui ai donné quelques pièces. Elles me manqueront peut-être bientôt, mais quelle importance ? Ce petit geste, presque insignifiant, de solidarité m’a rendu courage et force. J’ai envie de reprendre mon roman, et cette fois de ne plus me laisser engluer dans les dérives sentimentales ou dans des circonvolutions à peine plausibles qui m’ont éloigné de mon propos. Ce mort errant croisé ce matin, c’est lui mon vrai sujet. Aurai-je un peu de talent pour y revenir ? Mais en réalité, je n’en ai pas besoin car l’écriture est égoïste.

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 10:31


 

Nos premiers adieux manquèrent d’être grandioses dans la débauche, ils auraient été parfaits si seulement j’avais su.

 

Hélas, il y eu des retrouvailles et d’autres séparations, embrumées de colère.

 

Et puis, nous en vinmes aux presque retrouvailles, aux rendez-vous manqués et aux mots qui cachaient la vérité.

 

Enfin, il y eu un silence qui termina une si brève conversation à propos d’un service que je ne pouvais te rendre.

 

Je sais maintenant que ce silence, si récent pourtant, ne finira plus.

 

 

 

 

La rate de Paris
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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 10:37

Chaque matin, je passe près du stade, le grand. Et chaque matin, j’aperçois ces jardins ouvriers. Ce qu’il en reste. Poche de verdure réduite de plus en plus à la portion congrue. Je vois des tournesols narguant de leurs soleils les tours de béton et de verre qui ne demandent qu’à les écraser.

 

Autrefois, les ouvriers habitaient et travaillaient à la plaine Saint Denis et on leur avait concédé un lopin de terre. Il n’en reste presque plus rien.

 

Parfois, en les apercevant, je rêve que leurs murs soient repoussés, qu’ils reprennent vigueur et renversent immeubles et autoroutes. Qu’un plant de tomate pris de folie devienne ce géant qui monte et envahit ces pics qui se dressent et leur cachent le ciel. Que d’un chou gigantesque éclose un monde où l’homme reprendrait vie.

 

La mort de bitume et de pierre rode, elle guette ce havre vert et susurre à l’oreille des promoteurs quel profit ils pourraient créer de ce chancre archaïque. Salades et limaces n’ont qu’à bien se tenir ! On leur gardera une « rue des jardins », qu’on finira par rebaptiser du nom d’un glorieux bâtisseur.

 

Jusqu’à ce qu’un jour, quand tout ne sera plus que ruines, une graine oubliée ne vienne.

 

 

 

La rate de Paris
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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 14:45

  

 

 

Cet âne du Poitou

S’appelle-t-il Raffarin

Qui sont ses amis ?

 

Grosse boule poilue

Qui trimait dans les campagnes

Hier au Poitou

 

Toujours les campagnes

Quand elles sont électorales

Sont champs de promesses

 

L’âne est en campagne

Aux champs ou à l’isoloir

Il va doucement

 

 

 

Avouons le, c’est tellement mauvais qu’il aurait mieux valu ne pas l’écrire et encore moins le partager. Mais voilà, l’exercice était lancé…

 

http://a31.idata.over-blog.com/3/17/45/90/Photos---coucou-du-haiku/3BaudetsduPoitou.jpg

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 11:00

Tiens, j'ai pensé à vous. A vous, à toi, je ne sais. Je passais dans une rue animée d'une grande ville chinoise quand je vis une enseigne: "sex toys". Je jettai un oeil et m'aperçus que les objets étaient exposés, bien visibles depuis l'autre côté de la rue et non cachés comme chez nous. Je ne fis que passer, je ne saurais décrire ces objets que je ne fis qu'entrevoir et qui m'envoyèrent un instant, si bref et si lointain, vers vous.

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 10:30

 

Depuis un petit moment, j’ai pris l’habitude de participer à cette célébration du haïku qu’est le jeu du coucou. Je ne suis pas un partisan de l’écriture de commande, surtout pour le haïku qui est par nature éphémère et spontané. Mais ce coucou, c’est sans prétention et finalement assez rafraîchissant. La première fois, c’était une photo qui m’inspirait vraiment mais j’avoue qu’ensuite, c’est le jeu qui l’a importé et m’a poussé à afficher de bien pauvres mots.

 

Parfois, après quelques lamentables suites de mots qui n’ont guère du haïku que la forme, il m’arrive d’être pris de remord et de ne plus vouloir les partager d’aucune manière. D’autres fois, au contraire, après ces débuts laborieux, une certaine inspiration vient. Oh, ce n’est jamais grandiose. Mais quelle importance ?

 

Après tout, il s’agit de passer un bon moment à assembler les mots, à jouer avec eux, leur sens ou leur son. Et si de temps en temps, au hasard, une personne, ne serait-ce qu’une seule prend un peu de plaisir à les lire, cela vaut la peine de les partager.

 

Alors, je guette ces emails qui m’informent du sujet, de la photo qui doit guider notre inspiration.

 

Hier, j’ai reçu l’un d’eux. Et quel éclat de rire. Trois charmants ânes du Poitou. Seulement, voilà, la première pensée qui m’est venue en les voyant, c’est « Raffarin ! ». Bien sûr, c’est assez injuste. Pour les ânes. Non, pour l’ancien premier ministre aussi. On l’a tellement décrit comme un imbécile qu’à la fin, je le trouverais presque sympathique. Surtout quand on voit ce qui lui a succédé aujourd’hui, mais là n’est pas le sujet.

 

Ecrire un haïku centré sur le nom « Raffarin » à propos de ces braves baudets du Poitou. Voilà bien ce qui m’est venu à l’esprit. Certes, ce serait amusant mais guère charitable et un tantinet hors sujet. Il me reste quelques jours pour y réfléchir.

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 16:06

 

 

Nous lèverons l’ancre

Dans un pays de cocagne

Nous jetterons l’ancre

 

Sentiment ancré

Dans la force de l’été

Du besoin d’hiver

 

Ancre sympathique

Qu’on jette et lève au hasard

Et ancre de Chine

 

Ancre de marine

La mer recueille les rivères

De mes chères péniches

 

 

 

http://a34.idata.over-blog.com/3/17/45/90/Photos---coucou-du-haiku/47-Lever-l-ancre2.jpgCoucou du haïku n°47

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 06:47


Enfin, demain, le jour sera plus court. La nuit me rejoindra un peu moins tard et j’aurais moins longtemps à traîner ce vague à l’âme qui me sert de désespoir, puisque je n’arrive même pas à trouver le fond de ce gouffre qui devrait s’offrir et se refuse encore. Qu’a donc besoin le jour de s’éterniser ainsi ? Qu’il serait plus commode d’oublier les crépuscules sans fin et comme aux tropiques de basculer en un instant du chien au loup.

Mais c’est à Paris, mais c’est au métropolitain que ma langueur s’est donnée. Au moins les tunnels sont-il les mêmes hiver comme été, sous leur éclairage incertain et tellement fidèle. Au moins eux me protègent-ils de ce jour qui ne sait, lui non plus, mourir et céder la place à ce qui vient.

Qu’a-t-il besoin de s’imposer aussi longtemps ? Heureusement, demain, son agonie commence.

 

 

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