La presse française n'en a rien dit, ou presque. Ce n'est que par Frat-Mat (alias Fraternité Matin) que j'ai appris la nouvelle, et encore, par un tweet.
Chinua Achebe est mort. Il nous a quitté à 82 ans.
Probablement, certains de ceux qui liront cela se demanderont de qui je parle. Chinua Achebe est le premier écrivain ouest-africain de langue anglaise connu. Bien avant le prix Nobel Wole Soyinka, le cousin de Fela. Il est surtout célèbre pour son roman "Le monde s'effondre" ("Things fall apart").
On peut un peu expliquer ce chef d’œuvre qu'est "Le monde s'effondre" par une citation de Chinua Achebe: "Pour ma part, je serais plus que satisfait si mes romans pouvaient déjà montrer à mes lecteurs que leur passé -avec toutes ses imperfections- n'était pas une longue nuit de sauvagerie dont ils ont été délivrés par les premiers Européens agissant au nom de Dieu.". Cela situe assez bien ce monde qui s'effondre, qui est celui d'une Afrique antérieure à la colonisation, dans ses règles ancestrales qui n'ont rien d'un monde sauvage, une Afrique que seuls des attardés archaïques osent encore nier en s'enfermant dans ce mythe qui prétend que l'homme blanc a trouvé le néant et a fait entrer ce continent oublié dans l'histoire. Oublié, oui, par une histoire ethnocentrique qui a soigneusement enlevé les traces des échanges anciens avec les autres mondes, ceux de l'époque où l'empire de Kango Moussa figurait sur les cartes du roi de France.
A tous ceux qui confondent l’Afrique avec sa caricature, celle de Tintin au Congo ou encore, hélas, celle de certains discours trop récents pour être plus ignorants que malveillants, je recommande de prendre le temps de lire "Le monde s’effondre". Il décrit la fin d'un monde, celui de ses ancêtres, celui de ses propres grand-parents. Vous verrez, il n'était pas si différent de celui de nos grand-parents.
Et pour ceux qui douteraient de l'importance d'Achebe, je ne citerai que l'un des tweets vu aujourd'hui:
Sur l'article qui est référencé par le tweet, on peut lire ceci: Nelson Mandela referred to Prof. Achebe as a writer “in whose company the prison walls fell down”.
Bien sûr, on peut toujours dire que l'on n'a pas envie de le lire. Mais voilà, aujourd'hui, j'ai appris la disparition de Chinua Achebe, et je ne pouvais faire autrement qu'écrire quelques mots à sa mémoire.
Lisez-le.
PS: La presse française, avec un peu de retard, s'est décidée à annoncer cette disparition. On y trouvera biographie et éloge:
Mais, c'est en anglais qu'il faut lire l'article du Huffington Post dont voici un extrait:
"It would be impossible to say how `Things Fall Apart' influenced African writing," the African scholar Kwame Anthony Appiah once observed. "It would be like asking how Shakespeare influenced English writers or Pushkin influenced Russians. Achebe didn't only play the game, he invented it."
"Things Fall Apart" has sold more than 8 million copies worldwide and has been translated into more than 50 languages.
Et sa traduction
"On ne peut pas dire combien "Le Monde s'effondre" a influencé la littérature africaine, a déclaré un jour l'universitaire africain Kwame Anthony Appiah, "Ce serait demander quelle a été l'influence de Shakespeare sur les écrivains anglais ou Pouchkine sur les russes. Achebe ne fait pas seulement partie du jeu, il l'a inventé."
"Le monde s'effondre" s'est vendu à plus de 8 millions d'exemplaires de par le monde et a été traduit dans plus de 50 langues.
Voilà, ces mots extraits de la nécro du Huffington Post situent l'importance dans l'histoire de la littérature mondiale de Chinua Achebe. Et non, je ne découvre pas aujourd'hui, il fait partie depuis toujours de ma bibliothèque proposée par le lien à droite de ce blog.