Petit arbre en fleurs
Tout blanc avant d'être vert
Un hiver s'en va
C'est un arbre en pot
Qui a poussé au hasard
Qui rit du printemps
Petit arbre en fleurs
Tout blanc avant d'être vert
Un hiver s'en va
C'est un arbre en pot
Qui a poussé au hasard
Qui rit du printemps
" Si vous n'avez pas mal quelque part, inutile d'écrire." Paul Morand
C'est la petite rafale de tweets quotidienne de Bernard Pivot qui m'a proposé cette citation. Paul Morand, celui de "l'homme pressé", lu il y a maintenant si longtemps que je l'ai presque oublié.
Mais c'est tellement vrai. D'ailleurs, ce n'est pas seulement inutile, c'est impossible.
Oui, il faut avoir mal. Pas seulement. Il faut aussi que le mal sorte, que les mots qui rôdent s'ordonnent et se rangent sur le papier, ou sur l'écran, pour former cette armée de combattants de ce mal inconnu qui pourtant ronge. Parfois, les colonnes ne se forment pas et les mots refusent de s'aligner. Ils dansent mais ne forment aucune chorégraphie et, dans une anarchie dictatoriale, n'acceptent comme maître que le Malin qui, en sous-main, ordonnent leur mouvement en apparence libre.
Ce matin, quelques téméraires soldats ont tenté une percée. La guerre sera longue.
Balafon matin
La calebasse chante au soir
Au village qui dort
Celui du sapeur
Qui n'est pas une moustache
A soudain surgi
Si la Garonne elle avait voulu, elle aurait absorbé le Danube. Mais elle n’a pas voulu quitter son cher pays de Gascogne. Du moins ça, c’est ce que chantait Julos, le wallon, un cousin en quelque sorte.
Car en réalité, si la Garonne s’est avérée casanière, c’est la Baïse qui s’en est allée absorber la Scarpe, l’Escaut et même les trois Volta. Elle ne négligea ni l’Oise, ni quelques canaux. Elle dédaigna la Seine, hautaine, et lui préféra l’industrieux canal Saint Martin.
La Garonne n’a pas voulu, lanturlu. Et pourtant, sa sœur la Baïse délaissa les fûts d’Armagnac pour rejoindre quelques verts jus des coteaux de l’Oise pendant que plus au nord, les enfants de l’Escaut et ceux de la Scarpe ignoraient qu’un jour ils la rejoindraient aussi. Sans doute quelques bateaux, tirés par la force de l’homme, sentirent-ils près de leurs flancs le courant de la Baïse qui cherchait encore son chemin. Sans doute.
Où sont-ils ? Où sont ces âmes errantes qui m’ont guidé jusqu’à Melchior Groulez et bien d’autres, à ceux qui vécurent au bord de la Scarpe, ignorant qu’un peu plus loin l’Escaut portait déjà ceux qui les rejoindraient plus tard, à quelques générations. Et bien sûr, ignorant jusqu’à l’existence de cette Baïse qui pourtant venait à eux.
Melchior, le brasseur de Marchiennes dont la lignée est faite de boulangers, de cordonniers était le contemporain de Sébastien, cultivateur à Nivelle, qui mourut en 1820 à l’âge de près de 87 ans, ou encore de François, manouvrier à Pierrefonds, ou de Jean-Baptise, de Condé sur l’Escaut, batelier déjà, comme toute sa descendance pendant près de deux siècles. Je ne sais rien de ceux qui vivaient près de la Baïse à la même époque, la faute au département du Gers qui est un des derniers à ne pas avoir ms ses archives d’état civil en ligne.
Ah, les archives. Ce ne sont que des mots, mis sur le papier par l’officier d’état civil ou, avant la Révolution, par le curé. Ils sont souvent difficiles à déchiffrer, et l’orthographe des noms varie d’une génération à l’autre. Mais au-delà des caractères noirs sur le papier jauni par le temps, ce sont des vies qui défilent, souvent courtes, et presque toujours on les imagine de labeur. La plupart de ces ancêtres ont eu, selon les registres, la profession de manouvier ou de journalier, c'est-à-dire d’ouvriers agricoles si on veut absolument utiliser une terminologie moderne. Et puis, il y a ces générations de bateliers, dont l’état varie de « garçon batelier » à « maître batelier », dont les plus anciens n’ont guère dû quitter l’Escaut et les alentours de Condé et qui plus tard, s’enhardirent et naviguèrent sur toutes les rivières et les canaux du nord de la France, naissant au gré des chargements, là où le bateau voulait, obligeant ainsi le généalogiste futur à compter sur la chance pour retrouver l’ancêtre pas si lointain doté des improbables prénoms de Clotère Charlemagne et né à Pontoise au moment où un autre ancêtre naissait près de la Baïse.
Et c’est ainsi que si la Garonne elle a pas voulu (lanturlu), la Baïse, elle, s’est laissée aller.
Autour de la lune
Brille un halo de lumière
Butinent les étoiles
Je sais bien que ça ne va pas trop passionner les foules ici mais voilà, il faut bien l'écrire quelque part puisque c'est ce que je ressens, là, maintenant.
Bruno Metsu fut connu comme joueur de foot, à Valenciennes, à Lille et un peu ailleurs. D'autres ne l'ont connu que comme entraineur de l'équipe nationale du Sénagal qui provoqua la déroute des champions du Monde en titre, l'équipe de France...
Metsu était dunkerquois, c'est donc un compatriote.
Bruno laisse trois enfants au teint café au lait, à l'héritage français et africain, c'est donc un frère.
Voilà, je n'en dirait pas plus, ce n'est pas nécessaire.
Vigne des amants
Ne produira pas de vin
L'été l'a trompée
Enigme d'un jour
Un cep offre ses grappes
Soleil finissant
Un coucou tout autour de la vigne, alors autant en profiter et rappeler, bien que ce soit un peu (et même complètement) en dehors des standards, que le vin a une âme:
Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :
" Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !
Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.
Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;
J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.
En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "
Charles Baudelaire
Rosée du matin
Quand tilleuls se dénudent
Chute des passants
Une boule piquante
Sous les feuilles à peine jaunies
Drôle de châtaigne
Triste tache noire
Sur le chemin embrumé
Il est parti. Ploc.