6 mai 2013
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Naître, mourir. Voilà ce que nous avons tous en commun, mais entre les deux ?
Que reste-t-il ? L’amour est vague, est-il en vie seulement. Mourir, mais à quoi bon ? Si encore mourir donnait l’espoir mais la vie est ingrate comme la mort. Mes vies antérieures se sont évanouies, je n’ai plus peur des camions militaires. D’ailleurs, il n’y en a plus.
M’a-t-on fusillée pour l’amour de la liberté ou celui des allemands ? Ou pour l’illusion d’avoir vécu ?
Dans cette vie ci, les illusions se sont perdues. Il ne reste qu’une femme si belle sur un quai de gare, inconnue évanescente, aperçue et aussitôt perdue, comme la vie qui fuit.
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Rate de Paris
2 mai 2013
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Des hortensias dans la vitrine d’un fleuriste. La boutique n’est pas encore ouverte, il est trop tôt pour elle bien que la ville soit déjà animée et que depuis longtemps les boulangers aient formé leurs pains, que depuis longtemps les cafés aient été bus au comptoir.
Des hortensias bleus, d’autres blancs déploient leurs grosses boules et leurs feuilles rondes veinées. Mais où sont donc les roses, sont-ils cachés dans l’arrière-boutique ? Ils ne finiront sans doute pas repiqués dans un jardin, ni comme les miens dans le bassin d’une pompe à main désaffectée. La ville ne connaît guère les jardins, ou alors ils sont organisés, droits et sans surprise. Jardins pour tous et pour personne où jamais on n’ira planter quoi que ce soit, et bien sûr pas ces hortensias.
Ils sont destinés à mourir après avoir orné on ne sait quel salon, on ne sait quel balcon peut-être. Ils perdront leur couleur, il ne restera qu’une tige et quelques feuilles qui se dessècheront bientôt, oubliés.
Le fleuriste est un marchand de mort.
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8 mars 2013
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La faute à un rendez-vous raté, grâce à un malentendu. Je retrouvai ces rues de Paris que j’ai fréquentées voilà bien longtemps. C’était l’heure où le jour abandonne son combat et se laisse peu à peu vaincre par la nuit. Le Paris de mes souvenirs est baigné de lumière, on ne laissait pas en ce temps là, la pénombre gagner. Maintenant, on attend un peu avant d’allumer les lampadaires et l’on retrouve cette ambiance d’un Paname d’autrefois, que je n’ai pas connu, celui où à cette heure des apaches passaient les fortifs.
A peine le temps d’une génération et je ne reconnais guère ce quartier où je déambulais étudiant. Une librairie est devenue un magasin de meubles. Le magasin de sport n’est même plus un marchand de musique. Même les chaussées ne sont plus celles que j'arpentais, même les bistrots se sont embourgeoisés.
Entre chien et loup… Les loups n’entrent plus dans Paris. D’autres y sont pourtant. Cette lumière propice à la mélancolie s’était jouée de moi et je marchais dans ces rues qui ne me sont plus familières en imaginant une autre ville embrumée.
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28 juillet 2011
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Nos premiers adieux manquèrent d’être grandioses dans la débauche, ils auraient été parfaits si seulement j’avais su.
Hélas, il y eu des retrouvailles et d’autres séparations, embrumées de colère.
Et puis, nous en vinmes aux presque retrouvailles, aux rendez-vous manqués et aux mots qui cachaient la vérité.
Enfin, il y eu un silence qui termina une si brève conversation à propos d’un service que je ne pouvais te rendre.
Je sais maintenant que ce silence, si récent pourtant, ne finira plus.
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26 juillet 2011
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Chaque matin, je passe près du stade, le grand. Et chaque matin, j’aperçois ces jardins ouvriers. Ce qu’il en reste. Poche de verdure réduite de plus en plus à la portion congrue. Je vois des tournesols narguant de leurs soleils les tours de béton et de verre qui ne demandent qu’à les écraser.
Autrefois, les ouvriers habitaient et travaillaient à la plaine Saint Denis et on leur avait concédé un lopin de terre. Il n’en reste presque plus rien.
Parfois, en les apercevant, je rêve que leurs murs soient repoussés, qu’ils reprennent vigueur et renversent immeubles et autoroutes. Qu’un plant de tomate pris de folie devienne ce géant qui monte et envahit ces pics qui se dressent et leur cachent le ciel. Que d’un chou gigantesque éclose un monde où l’homme reprendrait vie.
La mort de bitume et de pierre rode, elle guette ce havre vert et susurre à l’oreille des promoteurs quel profit ils pourraient créer de ce chancre archaïque. Salades et limaces n’ont qu’à bien se tenir ! On leur gardera une « rue des jardins », qu’on finira par rebaptiser du nom d’un glorieux bâtisseur.
Jusqu’à ce qu’un jour, quand tout ne sera plus que ruines, une graine oubliée ne vienne.
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21 juin 2011
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Enfin, demain, le jour sera plus court. La nuit me rejoindra un peu moins tard et j’aurais moins longtemps à traîner ce vague à l’âme qui me sert de désespoir, puisque je n’arrive même pas à trouver le fond de ce gouffre qui devrait s’offrir et se refuse encore. Qu’a donc besoin le jour de s’éterniser ainsi ? Qu’il serait plus commode d’oublier les crépuscules sans fin et comme aux tropiques de basculer en un instant du chien au loup.
Mais c’est à Paris, mais c’est au métropolitain que ma langueur s’est donnée. Au moins les tunnels sont-il les mêmes hiver comme été, sous leur éclairage incertain et tellement fidèle. Au moins eux me protègent-ils de ce jour qui ne sait, lui non plus, mourir et céder la place à ce qui vient.
Qu’a-t-il besoin de s’imposer aussi longtemps ? Heureusement, demain, son agonie commence.
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30 mai 2011
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Est-ce le dernier soubresaut d’un amour qui refuse, obstiné, de mourir complètement et de basculer dans le néant d’où, peut-être, il n’aurait jamais dû surgir ? Tout Paris me ramène à toi, oui toi qui m’a donné ce retour inespéré d’une jeunesse hélas illusoire puisque tu n’es plus là.
Aussi bien le métro qui brinquebale que le ciel trop bleu de ce printemps qui a refusé d’attendre pour vieillir en un été qui s’éteindra pourtant en automne, quand encore une fois tout me rappellera que tu n’es plus celle qui je retrouvais. Les murs trop blancs sous un soleil d’une saison trop rapide m’aveuglent comme hier quand tu me répondais, quand tu acceptais mon amour.
Mais faut-il encore penser à cet amour ? N’est-ce plus qu’une nostalgie de quelques journées et de si rares nuits où tu laissais négligemment tes jambes croiser les miennes, nos mains se retrouver sans que nous y pensions et ta voix se glisser en moi.
Je sais qu’il est loin, mais Paris me tient à toi. Nous l’avons méprisé ensemble quand il était encore temps. A Saint Germain des Près ou devant Notre-Dame, la folie de toi m’a encore repris, tu le sais et tu vas l’ignorer.
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24 mai 2011
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Oui, ça balance aussi à Paris. Le métro brinquebale. L’air y est poisseux comme le temps qui me sépare chaque jour un peu plus de celui déjà lointain où une douce folie m’avait envahi. Une folie dont le nom m’est devenu étranger, une folie dont la peau si douce autrefois n’est plus qu’un souvenir.
Les vibrations du train me renvoyaient à celle d’un autre convoi, où j’étais assis voici quelques jours, au sud de la Chine, si loin, si près et c’est à cette folie si tendre que mes pensées sont revenues.
Pourtant nous n’avons qu’à peine parcouru quelques tunnels du métro parisien ensemble et les secousses des rails ne devraient pas me ramener à elle. Mais c’est ainsi, parfois, quand je m’y attends le moins, elle arrive. Celle qui inspire encore cela ne le sait pas, m’a oublié sans doute, ou veut m’avoir effacé, moi qui lui rappellerais plus sûrement les errements qui nous avaient réunis que les rares moments heureux trouvés à deux.
Suis-je à Kowloon ou mon esprit retourne-t-il dans cet est parisien où la folie m’attendait ?
Ô folie. Tu me manques.
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22 avril 2011
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L’amour perdu n’appelle plus les douleurs, ni les plaintes, ni les pleurs. L’amour perdu n’est même plus sûr, peut-être n’a-t-il jamais existé, peut-être ne fut il qu’une illusions, douce, tendre parfois quand ses sordides prémices acceptaient l’oubli.
L’amour perdu n’est plus là, et je n’ai plus de regrets pour lui, il ne me manque plus, plus guère. Bien sûr, parfois, le cœur s’emplit de mélancolie et voudrait retrouver ces matins d’un autre printemps, ces soirs d’un été si lointain déjà.
Mais ce n’est plus l’amour que le cœur blessé cherche en vain. Ce ne sont plus que ces quelques semaines d’une jeunesse trop brièvement retrouvée et qui bien vite s’est enfui.
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1 avril 2011
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Comment cette odeur des marrons en automne s’est-elle saisie de moi. C’est le printemps, et aucun marronnier n’est à proximité. D’ailleurs, ce n’est pas tant la senteur des marrons que celle des arbres, de leurs feuilles qui tombent et constituent un tapis humide.
Ce tapis sur lequel, enfants, nous jouions en rentrant de l’école, en passant sur cette place d’où aujourd’hui on a enlevé ces grands arbres qui, aux beaux jours, apportaient un peu de fraîcheur aux jeux que nous organisions sur le chemin. Jeux simples le plus souvent. Des billes roulaient dans un caniveau avant de changer de mains.
Mais ce n’est pas le bruit des billes qui s’entrechoquent qui me vient, c’est l’odeur âcre des feuilles d’automne.
C’est le printemps. Ma vie est déjà en automne.
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