Il arrive. Encore quelques jours et il sera là, aucune fuite ne sera possible.
Un an déjà qu’elle était, pour un soir, une femme aimante. Bien sûr, j’ai compris, beaucoup plus tard, qu’à ce moment là, ce soir là, les gestes n’étaient pas tous aussi sincères, aussi désintéressés que je l’imaginais alors. Bien sûr, je t’ai vue plus tard, te préparer pour une autre soirée, sans moi, avec un autre, qui n’eut pas lieu si j’en crois ce que tu m’as dit ensuite. Mais ces détails là, je les abandonne, je ne garde que ce que j’ai envie de conserver de toi. Ce fut une de ces soirées que l’on n’oublie pas, une de celles qui peuvent changer le cours d’une vie même si celle là n’a fait que détourner, un temps, celui des nôtres en les rapprochant, elles qui n’avaient rien en commun, elles que tout éloignait. Tout, sauf une circonstance que nous connaissons et qu’il n’est pas besoin de dire encore.
Cette nuit, nous le savons bien tous les deux, l’amour n’était pas invité. Ce n’est qu’ensuite qu’il est venu nous rejoindre, par effraction, poussé par d’autres hasards, d’autres coïncidences que nous n’avons pas cherchés. Nous eûmes les gestes de gens qui s’aiment, ce n’était qu’un jeu auquel il nous plaisait sans doute de nous laisser prendre. La tendresse ne nous rejoignit que plus tard et il me plait de penser qu’elle, au moins, est restée.
Il n’y aura plus d’autre nuit, cela aussi nous le savons depuis longtemps, toi comme moi. Je l’ai regretté, je me suis habitué et maintenant, je sais que c’est ainsi, que c’est mieux ainsi.
Tu as probablement eu d’autres soirées comme celle là, au moins une. A vrai dire, mon seul grand regret, c’est de n’avoir pas pu t’en offrir une autre où j’aurais, à mon tour, tout organisé, où tu te serais laissée conduire, doucement, vers la volupté.
Cela n’est pas arrivé. Bientôt, c’est seul que je penserai à cette nuit du mois de mars, il y a un an. Ce jour là, bien sûr, je t’aimerai.